La découverte de la Croix du Sud
Texte établi le 29/12/2011 par Roland Laffitte
La Croix du sud n’apparaît pas chez les tous premiers navigateurs européens. il ne faudra pas attendre longtemps : « une croix magnifique » est signalée par Andrea Corsali dans la relation de sa traversée de l’océan Indien en 1516 probablement grâce à des pilotes arabes : dans l’édition anglaise de l’Orbe Novo, F. A. MacNutt écrit d’ailleurs que « la constellation de la Croix du Sud fut connue par les écrits des géographes arabes ».
SOURCES :
CORSALI, Andrea, Lettera allo illustrissimo Principe Duca Juliano de Medici, venuta Dellindia del mese di Octobre nel XDXVI, copie copie datée de 1517, ms.National Library of Australia, 7860, cf. http://www.nla.gov.au/apps/cdview?pi=nla.ms-ms7860-1-s4-v
ANGHERA, Peter Martyr, De Orbe Novo, edité par Francis Augustus MacNutt, 2004, vol. I, Livre IX, note 5, cf. http://www.gutenberg.org/files/12425/12425-h/12425-h.htm#1IX.
La Croix du Sud et les navigateurs arabes
On sait que Vasco de Gamma a traversé l’Océan Indien g^race à un pilote arabe. Or les navigateurs arabes connaissaient la Croix du Sud, ainsi que l’on peut s’en rendre compte à la lecture des Instructions nautiques du navigateur arabe Ibn Mâjid, u Traié le lire e prouve le Traité ms. .
Dans le ciel arabe traditionnel, plusieurs groupes d’étoiles sont désignées par le terme šalīb, « croix ».
Les étoiles du Dauphin sont en effet connues comme al-Ṣalīb chez Ibn Quyaba tandis qu’al-Bīrūnī les désigne comme al-Ṣalīb al-Ṭā’ir, « la Croix Volante », en comparaison avec al-Ṣalīb al-Wāqiᶜ, « la Croix Tombante », pour les étoiles du quadrilatère de la Tête du Dragon.
De son côté Ibn Māğid mentionne Ṣalībān, « Deux Croix », dont l’une est Ṣalīb al-ᶜAwā’iḏ, « la Croix des Mères Chamelles », et al-Murrabaᶜ, « le Carré », qui est le nom consacré de la Croix du Sud, qu’il décrit, dans ses poèmes, comme ṣalīb ğanūbī, « une croix australe », ou Ṣalīb al-Quṭb, « la Croix du Pôle » ce qui suffit à dire son importance pour indiquer la direction du Sud, à distinguer du groupe δκ Vel + ει Car, qualifié de ṣalīb kāḏib, « fausse croix ».
SOURCES :
IBN MAĞĪD, al-Dīn Aḥmad, Kitāb al-Fawā’id fī usūl cilm al-baḥr wa-l-qawā’id ou « Livre d’informations utiles sur les principes et les règles de navigation », 1462, ms. Paris, BnF, ar. 2292, fol. 1v-181v, édité par FERRAND, Gabriel, Instructions nautiquesB► ;
FERRAND, Gabriel, Instructions nautiques et routiers arabes et portugais des XVe et XVIe siècles, I. Ibn Majīd ; II. Sulaymān al-Mahrī et Ibn Majīd, Paris : Librairie Orientaliste Paul Geuthner, 1921-1925, réimpression par Fuat Sezgin dans la Collection « Islamic Geography », vol. 19 et 20, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte de arabische-Islamischen Wissenschaften an der Johann Wolfgang Goethe Universität, 1992.
LAFFITTE, Roland, Le Ciel des Arabes – L’apport de l’uranographie arabe, t. I, Paris : Geuthner, 2012, p. 67-68 et 120-121.
TIBBETTS, Gerald Randall, Arab Navigation in the Indian Ocean before the Coming of the Portuguese, London : the Royal Asiatic Society of great Britain and Ireland, 1981, p. 65-268.