Naissance de la voûte céleste en Mésopotamie

La présente page est le compte rendu de lintervention faite par Roland Laffitte au 26ème Colloque de lAPLF (Association des Planétariums de Langue Française), à Dijon, les 13-16 mai 2010.

Les deux cercles célestes mésopotamiens, celui des culminantes (tropique boréal) et celui de l'écliptique, et le pôle céleste.

Contrairement à une idée reçue, l’astronomie mésopotamienne ne se présente pas comme une masse d’observations sans effort de conceptualisation, qualité qui serait dévolue à l’astronomie grecque, qu’il serait probablement plus juste d’appeler astronomie hellénistique ou alexandrine.

En réalité, la conception du ciel a dû subir deux révolutions de paradigme pour passer :

1. du plan de l’horizon a celui de l’équateur, qui ressort manifestement de la division du ciel en trois chemins repérable à partir du milieu du IIe millénaire avant notre ère, et formalisés dans les Tables dites des Trois étoiles chacun  datées du XIIe av. J.-C.

2. du plan de l’équateur à celui de l’écliptique, dont personne ne nie qu’il existe derrière la notion de « chemin » de la Lune, du Soleil et des planètes tel qu’il ressort du Traité MUL.APIN, daté du VIIe av. J.-C., mais dont certaines données sont largement antérieures. C’est bien le cercle de l’écliptique qui est formé par les 32 « étoiles de comput » que les assyriologues ont pour habitude de dire « normales » et qui figurent dans une longue série de Journaux astronomiques récoltés sur près de six siècles à partir du VIIe av. J.-C.

Ajoutons à cela le cercle des culminantes formé d’étoiles passant au méridien lorsque l’observateur regarde le Sud et datant également de l’époque néo-assyrienne. Ce cercle, centré sur le pôle céleste qui correspond, en ce temps-là, à l’étoile Kappa Draconis, et tangent à l’écliptique dans la région du Cancer, correspond au tropique du Cancer.

Le cosmos mésopotamien selon Jean Bottéro, La plus vielle religion du monde, Paris: Gallimard, 1998, p. 163.

Les anciens Mésopotamiens voyaient le cosmos « comme un immense sphéroïde creux, dont la partie supérieure, et lumineuse, formait l’ « En-haut », ou « Ciel », et sa partie inférieure , et obscure, l’ « En-bas », ou « Enfer ». Il était coupé, sur le plan diamétral, par une sorte d’île centrale: la « Terre », doublée, en-dessous, par l’Apsû, nappe d’eau douce […] ».

Si l’on applique au sphéroïde originel que les Mésopotamiens imaginaient pour le cosmos les deux cercles qui ressortent des textes datés de la même époque, ces deux cercles, ce sphéroïde tient dans la sphère. Certes, cette figure mathématique n’existe pas dans les documents mésopotamiens, mais il ressort empiriquement des textes traités et autres textes astronomiques consignés dans les tablettes mésopotamiennes.

Tant et si bien que lorsque les astronomes grecs reprirent ces données, ils n’eurent pas de difficulté à les intégrer dans leur conception géométrique du monde, eux qui voyaient dans la sphère une figure parfaite.

Voir le PDF de l’intervention au 26ème Colloque de l’APLF, Dijon, 13-16 mai 2010

Toutes les données contenues dans la présentation ci-dessus sont consultables, dans l’ESPACE CHERCHEURS, au chapitre « Notices sur les documents mésopotamiens » :

* pour la vision cosmogonique, voir « Le Poème de la création (vers 1100 av. J.-C.) »,

* pour les 3 chemins célestes, voir « La Liste de Boghazköy (vers 1450 av. J.-C.) »,

et Les Tables Trois étoiles chacun « (MUL.meš III.ta-àm, VAT 9416, vers 1100 av. J.-C.) »,

* pour le cercle écliptique, voir « Le Traité MUL.APIN (BM 86378) »,

et « Les étoiles de comput (MUL.ŠID.meš) dites « normales »,

* pour le cercle des culminantes, voir « Le cercle des culminantes (kippat ziqpi) ».