Témoignage sur Banāt Nacš à Gaza
Testimony on Banāt Nacš in Gaza

في غزة نعش شهادة عن بنات

Je suis dans la bande de Gaza, en Palestine. Nous sommes le 14 du mois de janvier 2004. Je n’y suis pas de passage. J’y suis arrivé il y a quelques jours et n’en repartirai pas avant plusieurs mois, le temps de mettre en œuvre, en soutien à la résistance éducative palestinienne, un projet d’animation relatif à l’astronomie intitulé « Sous le ciel de Palestine ».

Aujourd’hui Nasser, un de mes partenaires principaux, fait une remarque que sa portée m’amène à consigner.

Je lui fais part du passage la veille devant chez moi d’un cortège portant le cercueil de l’un de ceux qui son ici appelés martyr : il est tombé sous l’arbitraire des balles des soldats de l’État d’Israël. Il ne s’agit pas en fait précisément d’un cercueil mais d’un brancard. Nasser me donne le nom arabe de ce brancard qui est na‘sh.

Nacsh et ses Filles, composition moderne © R. L.

Et il enchaîne en me disant que je viens d’assister à la prolongation sur terre du drame céleste inscrit dans ce qu’en France nous appelons la Grande Ourse. Effectivement, en Palestine ou pour le moins dans la bande de Gaza ‒ car cette histoire je l’ai aussi entendu chez les pêcheurs de la ville de Khan Younes ‒ notre Grande Ourse prend le nom de Banāt Na‘sh, c’est-à-dire « les Filles de Nasch » :

Les sept étoiles de cette constellation représentent en effet les sept filles de Nasch, leur père, à la poursuite de son meurtrier. Poursuite vaine puisque l’étoile polaire leur aurait été désignée à ce titre alors qu’il s’agirait en fait de Syhayl, l’étoile brillante de la Carène, que nous connaissons sou le nom de Canope.

Une histoire de meurtre à l’image, pour Nasser, de ce que vit aujourd’hui le peuple palestinien.

Ainsi, d’hier à aujourd’hui, le même fil de l’imaginaire du ciel continue de se tisser.