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URANOS
FIGURES CÉLESTES, LÉGENDES & CIVILISATIONS
grand public
– éducateurs & pédagogues – chercheurs & passionnés |
Mise à jour le
16/10/2010
La
découverte du ciel austral
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I. Au XVIe siècle,
l’astronome hollandais Peter Plancius
Curieusement, Vasco
de Gama, qui fut piloté à travers l’Océan Indien par le navigateur arabe
Ahmad b. Majîd al-Najdî, n'a rien livré des données que connaissait cet
excellent navigateur, auteur de plusieurs traités de navigation il donne une
description complète du ciel austral.
L’astronome et
cartographe hollandais Petrus Plancius présente sur le globe de 32½ cm de
diamètre qu’il édité à Amsterdam par Jacob Floris van Langren en 1589, trois
éléments nouveaux concernant le ciel austral.
1. Crux :
l’astérisme de la Croix du Sud,
qui possède une grande importance dans le ciel austral est détaché de la
constellation du Centaure
qui l’englobait dans le catalogues grecs. En fait, les navigateurs arabes de
l'Océan Indien en faisaient déjà une constellation à part qu’ils nommaient
Al-Murabba‘,
« le Carré », et qui était bien plus utilisé que
Suhayl,
soit Canope,
ou le Grand nuage
dit de Magellan.
Il en est de même de nombreux peuples de l’hémisphère austral.
2. Colomba :
cet astérisme qui faisait traditionnellement parti de la constellation de
Canis Major
fait est probablement référence, du fait de sa proximité avec
Navis Argo,
avec la colombe qui guida Jason et les Argonautes pour éviter les écueils
rendant dangereuse la traversée du Bosphore.
3.
Triangulum australe :
la
constellation nouvelle du Triangle
austral doit son
nom à l’analogie avec le Triangle classique, la constellation
Delta
créée par les Grecs. Il semble qu’elle fut identifiée par Amerigo Vespucci,
navigateur originaire de Florence, semble avoir décrit une constellation du
Triangle austral lors de l’un des ses trois voyages effectués, le premier en
Guyane en 1500-1501, il eut conscience d’avoir un nouveau continent qui sera
plus tard nommé Amérique en son honneur, le second en Patagonie en
1502-1503, sachant que nous ne savons rien de son dernier voyage effectué en
1503-1504.
4.
Nebecula Major
et Nebecula Minor :
les
Nuages [dits]
de Magellan
ne sont pas des constellations mais des galaxies et nous lui consacrons un
chapitre à part.
Colomba,
Crux, Triangulum australe
&
Nebecula Maior
et
Minor
furent par la suite consignés dans l’Uranometria
de Johann Bayer, publiée à Ausbourg en 1603 (voir image ci-dessous).
Constellations introduites
par Petrus Plancius
|
Nom Bayer |
Nom
français |
Nom
|
Abréviation |
Colomba |
Col |
Colombe |
Crux |
Cru |
Croix du
Sud |
Triangulum australe |
TrA |
Triangle
austral |
Les apports de
Pieter Dirkszoon Keyser
et
Frederick de Houtman
Préparé à la
cartographie du ciel austral par Petrus Plancius et aidé de son compagnon
Pieter Dirkszoon Keyser,
Frederick de Houtman, commandant de l’expédition du navire Hollandia qui,
parti de Hollande, en 1595, se dirige vers les Indes orientales, aujourd'hui
l’Indonésie. Keyser meurt lors de l’expédition et c’est Houtman qui, à son
retour, peut confier à Plancius le relevé des 12 constellations identifiées.
Pieter Dirkszoon reprend le Triangle
austral d’Americano Vespucci et nomme les
11 autres constellations qu’il mentionne par le contexte de son voyage.
Ainsi :
1.
Indus,
« l’Indien », est un Habitant des Indes orientales, c’est-à-dire de
L’Indonésie actuelle.
2.
Hydrus,
« l’Hydre mâle », doit son nom à sa ressemblance avec l'antique
constellation que les Grecs ont nommée
Hydra
à la suite des Mésopotamiens chez qui elle était MUSH =
Sêru,
« le Serpent ».
* Les autres noms
semblent être ceux d’animaux rencontrés lors de l’expédition. Ils ne
semblent pas en effet que le ciel des Malgaches ou des habitants de Sumatra
ou de Java leur fut connu.
Constellations dues à
Pieter Dirkszoon Keyser,
Frederick de Houtman
|
NomENCLATURE UAI |
Nom
français |
Nom
|
Abréviation |
Apus |
Aps |
Oiseau
de paradis |
Chamaeleon |
Cha |
Caméléon |
Dorada |
Dor |
Dorade |
Grus |
Gru |
Grue |
Hydrus |
Hyi |
Hydre
mâle |
Indus |
Ind |
Indien |
Musca |
Mus |
Mouche
|
Pavo |
Pav |
Paon |
Phoenix |
Phe |
Phénix |
Tucana |
Tuc |
Toucan |
Volans |
Vol |
Poisson
volant |
Pour des données sur le
ciel australien, voir :
http://library.thinkquest.org/C005462/indexto.htm.)
Il ne se rattachent donc pas à un quelconque
mythologie, comme c’est le cas des constellations d’origine mésopotamienne
ou des constellations grecques classiques.
Ces constellations
nouvelles sont rapportées sur le second globe céleste de 35 cm fabriqué par
Petrus Plancius fin 1597 et édité par Jocodus Hondius le Vieux, puis sur
celui de Willem Janszon Blaeu en 1602, et elles sont consignées par Johann
Bayer dans son Uranometria,
1603.
|

Johann Bayer,
Uranometria,
édition 1661.
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II. Au
XVIIe siècle, Jakob Bartsch et Johannes Hevelius
De nombreuses
constellations furent créées par les astronomes du XVIIe siècle.
Mais peu subsistent. On en recense seulement deux.
Jakob Bartch
édite en 1624 ses
Planispheri stellati
, ouvrage dans lequel :
* Il modifie quelques
noms trouvés chez ses prédécesseurs. Il transforme ainsi Apis en
Vespa, probablement pour éviter la confusion avec Apus.
* Il introduit une
constellation appelée Rhombus, que Nicolas Louis de Lacaille
transformera Réticule rhombique, aujourd'hui appelé Reticulum.
* Il créée, pour
combler l’espace entre Orion et Canis Minor, une figure qu’il
nomme Unicornu, la « Licorne », qui deviendra plus tard Monoceros.
Johannes Hevelius,
de son nom polonais Jan Heweliusz, ne peut assister de son vivant à
l’édition
de son
Firmamentum Sobiescianum, paru en 1690. On y trouve le dessin de sept
constellations nouvelles dont une est située dans ciel austral :
* Il s’agit de Sextans,
qui est le français «
Sextant »,
du nom de l’instrument permettant de mesurer la hauteur d’un astre au-dessus
et qu’il utilisait pour ses relevés. En fait, dès 1643, le moine Antoine de
Rheita avait décrit, à cet emplacement du ciel, le Suaire du Christ,
dont le nom fut vite éclipsé par celui de
Sextansédite en 1624 ses
Planispheri stellati
, ouvrage dans lequel :
* il renomme Sextans,
qui donne en français le « Sextant » ,
* il reprend
Nebecula Major
et Nebecula Minor :
les
Nuages [dits]
de Magellan
ne sont pas des constellations mais des galaxies et nous lui consacrons un
chapitre à part.
Crux
et Triangulum australe
furent ensuite consignés dans l’Uranometria
de Johann Bayer, publiée à Ausbourg en 1603.
Constellations actuelles introduites
par
Jakob Bartsch et Johannes Hevelius
|
NomENCLATURE
UAI |
Nom
français |
Nom
|
Abréviation |
Monoceros |
Mon |
Licorne |
Sextans |
TrA |
Sextant |
|

Jakob Bartsch, Panisphaeri
stellati,
1624.
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III. Au
XVIIIe siècle,
Nicolas Louis de Lacaille
Élève de
l’astronome Jacques Cassini, l’abbé Nicolas Louis de Lacaille effectue ses
premières observations astronomiques en France et, devenue membre de
l’Académie des sciences, une mission dans l’hémisphère austral de 1750 à
1754.
Avent de se rendre de 1753 1754 à l’Île
de France, aujourd’hui Île
Maurice, et à l’Île
Bourbon, aujourd’hui la Réunion, il séjourne, de 1750 à 1752, au Cap où
consigne dans son
Journal historique du voyage fait au
Cap de Bonne-Espérance,
son travail d’achèvement de
la
cartographie du ciel austral.
1. Il
renomme la constellation Apis,
introduite par Keyser et Houtman, reprise par Plancius et sanctionnée par
Bayer, et devenue Vespa, « la
Guêpe » chez Bartsch, 124, pour éviter la confusion avec Apus.
Il la renomme donc Musca Australis,
en parallèle avec Musca Borealis
qu’il créée en détachant d’Aries le
petit astérisme formé par 35,
39 et 41 Ari. La suppression de
Musca Borealis permettra de changer
ce nom en Musca, tout simplement.
Il renomme de la même manière
Réticule rhombique,
ensssuite latinisé en Reticulum
rhombicum puis simplifié en
Reticulum, la constellation créée en 124
par Bartsch sous le nom de Rhombus.
2. Il divise la vieille constellation
grecque du Navire Argo en 3
nouvelles : la Carène, la
Poupe et les Voiles,
ultérieurement latinisés en Carina,
Puppis et Vela.
Et c’est
probablement du fait de la proximité de ces figures qu’il
nomme la Boussole un espace
stellaire qui n'a pas encore de dénomination.
3. Il
dissocie un astérisme de l’Éridan
pour faire du Fourneau
du
Chimiste
une
constellation à part entière, qui deviendra plus tard
Fornax
tout court,
soit le
« Fourneau »,
4. Il insère, sur l’espace pris au
Sagittaire et à la Couronne
Australie une constellation nouvelle qu’il
nomme le
Télescope, latinisé en « le Télescope »,
et, dans celui pris au Centaure et
au Loup, Circinus,
« le Compas ».
5. Dans d’autres
espaces non encore dénommés, il regroupe des étoiles nouvellement observées
selon plusieurs critères :
a. Il crée la
Montagne de la Table
en l’honneur
du massif montagneux qui surplombe la ville du Cap où il est en train
d'effecteur ses observations, nom qui deviendra vite
Mensa
tout court;
b. C'est aux artistes qu’il
songe en créant
le
Chevalet du Peintre, que le XIXe
siècle simplifiera en Pictor,
le «
Peintre »
tout court, et l’Atelier
du Sculpteur, ultérieurement raccourci en
Sculptor,
le
« Sculpteur »,
qu’il
accompagne de son instrument, le
« Burin », latinisé en
Caelum.
c. Il dédie de nouvelles constellations à des savants : c’est
le cas de
« l’Horloge à balancier », ainsi nommée en
hommage à son inventeur, Christian Huyhgens, et qui, latinisé en
Horlogium pneumaticum, sera simplifiée en
Horlogium,; ainsi que de la
Machine pneumatique, en hommage à Robert
Boyle, inventeur de la pompe à air, nom qui, latinisé en Antlia
pneumatica, sera ensuite raccourci
en Antlia.
d. D’autres
constellations prennent des noms d’instruments
de navigation, en cohérence avec la
Boussole,
déjà cité : il en est ainsi nom comme c’est
le cas de
l’« Octant », qui sera latinisé en
Octans.
Quant à celles qui restent, elles ont des noms d’instruments
scientifiques de nature divers sans qu'il soit possible de déterminer si
elles ont été choisies en hommage à un inventeur quelconque : il s’agit
de l’Équerre et la Règle, latinisé
en Norma et Regula avant d’être
raccourci en
Norma,
du
Microscope, latinisé en
Microscopum, et du Télescope,
latinisé en Telescopium.
Nom actuel des constellations
nouvelles
dues à Nicolas Louis de Lacaille |
NomENCLATURE
UAI |
Nom
français |
Nom
|
Abréviation |
Antlia |
Ant |
Machine
pneupatique |
Caelum |
Cae |
Burin |
Ciricinus |
Cir |
Compas |
Fornax |
For |
Fourneau |
Horlogium |
Hor |
Horloge |
Mensa |
Men |
Table |
Microscopium |
Mic |
Microscope
|
Norma |
Nor |
Règle |
Octans |
Oct |
Octant |
Pictor |
Pic |
Peintre |
Pyxis |
Pyx |
Boussole |
Sculptor |
Scl |
Sculpteur |
Telescopium |
Tel |
Télescope |
Il est
parfaitement clair que les noms des constellations n'ont rien à voir avec
ceux qui sont données par les populations locales, mais participent tout à
fait d’une
nouvelle mythologie, celle du progrès scientifique de l’Europe
en pleine révolution intellectuelle. Dans son Astronomie populaire,
Camille Flammarion parlera à juste titre du
«
peu de
goût avec lequel on a introduit dans le ciel austral la froide nomenclature
d'instrument suscités dans la science
».
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Nicolas Louis de Lacaille, « Planisphère
ciel austral »,
Histoire de l’Académie Royale des Sciences,
Paris : Imprimerie Royale, 1756.
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Bibliographie
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